L’entretien d’un piano : en quoi consiste-t-il ?
L’entretien d’un piano comporte plusieurs étapes.
1) L’accord qui consiste à tendre les cordes pour que chaque note soit à la bonne fréquence, chaque corde de chaque note accordée à la bonne fréquence. Ceci par rapport à un diapason donné, 435 Hertz 440 Hertz 442 Hertz 445 Hertz [fréquence du la se trouvant au milieu de la portée en clé de sol, ndlr]. C’est le travail de base.
Dans l’accord il y a 2 temps :
– l’équilibre entre les notes, entre les intervalles de quintes, de quartes, de tierces, d’octaves etc. – qui s’appelle la partition. À partir de cette partition, on va accorder le reste du piano dans les basses et dans les aigus en contrôlant l’ensemble et en répartissant de façon homogène. Cette étape est la partie musicale.
– l’étape du timbre, de la sonorité, qui est lié musicalement mais qui touche l’unisson. Il y a trois cordes par note. Il faut que ces trois cordes soient accordées à la même fréquence. Or on dispose d’une marge de manœuvre quand on accorde ces trois cordes. On peut faire en sorte que le son s’épanouisse ou se referme. On peut obtenir un son un peu stérile, ou au contraire avoir quelque chose de beaucoup plus ouvert, coloré, lumineux, avec plus d’harmoniques, une meilleure projection du son. C’est donc l’expérience et la capacité de l’accordeur à s’adapter à chaque instrument qui permettront de sentir quelle est cette marge de manœuvre afin que cela reste dans la justesse mais avec quelque chose qui vive. Je considère que c’est la partie la plus difficile dans l’accord mais aussi la plus intéressante parce qu’elle est microscopique.
2) Le réglage, qui s’effectue moins fréquemment mais qui demande à être contrôlé à chaque accord afin que tous les points de réglage soient cohérents les uns par rapport aux autres.
3) L’égalisation ou l’harmonisation, le travail sur le timbre et la qualité du son. Tous ces éléments sont étroitement liés à une vision générale de l’instrument.
Sans définir en détail chaque opération, il s’agit du réglage du clavier et de la mécanique. Pour le pianiste, le premier contact est la touche. L’enfoncement de la touche jusqu’à la frappe du marteau sur la corde constitue un enchaînement d’événements mécaniques qui doivent être mis en mouvement de façon cohérente les uns par rapport aux autres. C’est une chaîne cinétique. Il faut faire en sorte que le pianiste ait un parfait contrôle de la touche – puisque c’est son seul contact avec l’instrument – et donc de la restitution sonore de ses intentions. Il y a une quinzaine de points de réglage qu’il faut multiplier par 88 notes ! Une fois le réglage optimal trouvé, on se doit de le reproduire de façon homogène sur tout le clavier. Le pianiste ne doit pas sentir de perte de temps entre le moment ou il interprète et le moment ou il entend ce qu’il a imaginé et interprété.